Tout le monde est un sismomètre!
Notre dernier article en macrosismologie (= la science des séismes ressentis) a été publié dans Solid Earth, un journal de l’EGU. Dans cet article Open-Access (http://www.solid-earth.net/8/453/2017/), Van Noten et ses co-auteurs remettent en question la fragmentation européenne actuelle en matière de report en ligne des séismes.
Si un séisme est ressenti, chacun peut témoigner de son expérience auprès d’instituts nationaux (par exemple sur http://seismologie.be) ou de centres internationaux comme l’EMSC ou l’USGS. Malheureusement, si un séisme est ressenti au-delà des frontières, ces témoignages seront fragmentés entre différents instituts. Dans une nouvelle étude publiée dans Solid Earth, un journal de l’European Geoscience Union (EGU) en accès ouvert, une équipe de chercheurs démontrent l’applicabilité d’une nouvelle méthode pour partager les données macrosismiques en ligne en vue d’améliorer les cartes d’intensité des secousses.
Ces chercheurs, dont trois sont affiliés à l’Observatoire royal de Belgique, ont appliqué la méthode sur les témoignages de deux séismes ressentis en Europe du nord-ouest (en Belgique, France, Pays-Bas, Royaume Uni et Allemagne). Dans un premier temps ils ont collecté tous les témoignages soumis pour les séismes de Goch (Allemagne, 2011, magnitude 4.3) et Ramsgate (Royaume Uni, 2015, magnitude 4.2). Ensuite, ils ont groupé les témoignages dans des cellules d’une grille uniforme, permettant leur représentation standardisée. Les cartes d’intensité ainsi créées démontrent un motif de décroissance de l’intensité avec la distance. Ce motif n’est pas concentrique, car il est fortement lié aux structures géologiques sous-jacentes:
- Le séisme de Goch n’a pas été ressenti au NE de la Belgique car le rocher est trop profond et les sédiments meubles ont filtré les vibrations vers la surface ;
- Le séisme de Ramsgate montre distribution des témoignages fortement allongée sur l’axe NE-SW liée à une propagation favorisée par le massif rocheux London-Brabant. Ce séisme a été ressenti jusqu’à 350 km de distance là où le socle rocheux se situe à faible profondeur.
Cette étude confirme que les témoignages « en ligne » sont importants pour la science et montre que la combinaison de données en cellules est un outil prometteur pour le partage de données macrosismiques anonymes entre agences sismologiques.
Référence :
Van Noten et al., « Path and site effects deduced from merged transfrontier internet macroseismic data of two recent M4 earthquakes in northwest Europe using a grid cell approach », Solid Earth, 8, 453-477, http://dx.doi.org/10.5194/se-8-453-2017, 2017.
Pour en savoir plus sur la macroséismologie :
http://seismologie.be/fr/recherche/seismologie/macrosismologie
Contacts :
Koen Van Noten (NL – EN): koen.vannoten@gmail.com
Thomas Lecocq (FR): thomas.lecocq@oma.be